Perché or not perché ?
- Caroline Dechamps
- 16 sept.
- 3 min de lecture
Depuis longtemps, je pense que l'écriture est thérapeutique et aujourd'hui, je vais tenter de me guérir. Et pour ça, je vais avoir besoin de vous, que vous lisiez ces mots, que vous perceviez ma vulnérabilité en quelque sorte, pour que je n'ai plus jamais envie de la cacher.
Peut être pour mieux m'aider à me la représenter cette faille, cette peur qui me tenaille encore insidieusement parfois, j'ai choisi de lui donner un nom : le syndrome du gourou. C'est un cousin du syndrome de l'imposteur mais en version perché.
Ça donne quoi en pratique ? Une peur panique d'être prise pour une folle, d'être jugée pour charlatanisme ou d'être prise pour une escroc. Je pense que j'ai dû être une sorcière brûlée sur un bucher dans une vie antérieure et j'en porte encore les stigmates.
Même si ça peut faire sourire, parce que bon, on est bien d'accord que mes chances aujourd'hui de me retrouver jugée dans un procès pour sorcellerie sont plutôt minimes. Ça ne m'empêche pas d'avoir cette intransigeance constante envers moi-même, ce besoin d'être irréprochable parce que je fais un métier hors cadre. Et c'est épuisant...
L'autre jour, j'ai accueilli un enfant de 8 ans avec sa maman. Celle-ci m'avait expliqué au préalable que Liam avait des difficultés à faire confiance aux professionnels qu'il avait rencontrés et qu'il ne s'ouvrait pas facilement par rapport à ses ressentis, ce pourquoi elle se tournait vers moi et mon approche plus corporelle.
Pour le rassurer et créer un contexte le plus sécuritaire possible, je lui propose de faire la séance "en transfert" via sa maman c'est-à-dire que je ne vais pas le toucher mais passer par le corps de sa maman pour voir comment il se sent. A ce stade-ci, en général, je perds déjà beaucoup de gens.
La séance se termine doucement, je vois que ce petit loulou est beaucoup plus à l'aise, que le lien est créé et que ce qui a pu être mis en lumière lui a fait du bien. Et puis, avec ses grands yeux curieux, il me demande : comment tu as fait pour savoir tout ça sur moi sans me toucher ?
Tu veux la vérité ? Je n'en sais rien.
Voilà, c'est dit. (et là souvent, je me dis que je viens de griller toute ma crédibilité mais je tiens encore plus à mon honnêteté). J'aimerais tellement répondre à toutes tes questions (ainsi qu'à toutes les autres personnes que je rencontre et qui me la posent). Je mets mes mains et en une fois, des mots arrivent dans ma tête, des images dansent et se présentent à moi et je ne fais que les dire à voix haute. Je sens, dans mes doigts que la magie opère, que le corps se relâche et résonne avec certains mots.
Même si cela paraît magique de l'extérieur, je peux vous dire qu'à l'intérieur, ce n'est pas si simple. Dans notre monde où la valeur se prouve avec un diplôme, se construire une confiance en soi et l'assumer face au monde extérieur quand on ne sait même pas ce qu'on fait, c'est sportif. D'ailleurs, vous n'imaginez pas combien vos retours sont des cadeaux que je chéris profondément. Parce qu'ils viennent panser mes doutes comme on panserait des plaies.
Alors aujourd'hui, j'écris pour me guérir, crier au monde que, oui je suis une impostrice (oui oui c’est le vrai mot, Google me l’a dit), dans ce monde ultra normé, une gourou des temps modernes, qui fait de son mieux, qui parfois se plante, qui peut être maladroite mais qui aime profondément son métier.
Voilà, je suis une gourou en proie aux doutes, ancienne sorcière, qui essaye d'arrêter de se cacher.

Concernant la confidentialité, soit le billet est inspiré de différentes rencontres de façon à garder l’intimité de ce qui est partagé en séance. Je mets néanmoins un point d’honneur à vous partager que du vrai, seul le contexte change. Soit la personne a lu ces mots avant de me donner son accord pour que je partage son histoire.

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